Pendant très longtemps, pour rester compétitives, les entreprises ont demandé aux professionnels de l’approvisionnement de préconiser les stratégies d’économie d’échelle et la réduction des coûts via la standardisation des produits et services. Avouons-le, ces stratégies ont généré d’importants bénéfices!
Bien qu’encore pertinentes aujourd’hui, ces approches ne suffisent plus à maintenir un haut niveau de compétitivité ni à répondre aux exigences toujours grandissantes des clients.
Les achats : un secteur évolutif et compétitif
Faire des achats ne date pas d’hier! L’organisation des activités Achats dans les entreprises a débuté avec l’arrivée de l’industrialisation, il y a 150 ans. À cette époque, on mettait principalement l’accent sur les activités tactiques (émission de commandes, suivi des livraisons, réception et paiement des factures), mais la réalité des affaires a beaucoup évolué depuis ce temps.
Les entreprises cherchent à se différencier dans leur marché grâce, entre autres, à des actions misant sur la personnalisation de leurs produits à des prix compétitifs et sur la responsabilité sociale et environnementale. L’écosystème dans lequel une entreprise évolue est de plus en plus complexe et géographiquement étendu.
L’approche et la gestion des fournisseurs-partenaires s’imposent comme des facteurs clés dans le succès de toute organisation. Cette gestion n’est pas aléatoire; elle requiert des compétences et aptitudes particulières.
Aujourd’hui, la fonction Achats est toujours responsable de réduire les coûts. Mais elle doit aussi soutenir l’entreprise dans ses efforts d’innovation et dans sa volonté de se concentrer sur son cœur de métier, en l’aidant à externaliser les autres activités vers un écosystème composé de fournisseurs ayant développé des niches d’expertises particulières.
L’acheteur de la 5e génération
Ces nouvelles exigences et compétences ont mené l’EIPM (European Institute of Purchasing Management) à définir l’Acheteur de 5e génération et à le confirmer dans un rôle beaucoup plus stratégique de façon à ce qu’il génère toute la valeur attendue par ses dirigeants. C’est cette évolution de la fonction Achats dans les organisations qu’Hervé Legenvre et Bernard Gracia de l’EIPM ont très justement décrite dans leur ouvrage Fifth-Generation Purchasing – When pace meets power 1.
Selon les auteurs, la fonction Achats en est à la « 5e génération », ayant déjà franchi quatre générations au cours des 150 dernières années.
Dans ce cadre, les achats opèrent selon deux dimensions : la rapidité du changement de la demande et la rapidité du changement de l’offre.
Si la vitesse du changement est faible des deux côtés, on axera le mode de travail sur l’approvisionnement en produits de base ou en solutions standardisées. Si la vitesse du changement est élevée des deux côtés, on adoptera alors un mode axé sur l’innovation du marché fournisseurs pour l’entreprise. Au centre, on favorise un mode de travail axé sur la recherche de solutions personnalisées.
On peut passer d’un mode à un autre en fonction de la situation, ces modes n’étant pas statiques.
Miser sur le développement des compétences
Le développement des compétences est donc critique, voire stratégique pour les entreprises, notamment au sein de la fonction Achats.
Les objectifs corporatifs sont ambitieux (rentabilité, satisfaction de la clientèle, etc.) et le marché des fournisseurs se complexifie. Il faut pouvoir offrir à ses équipes les moyens et les outils de contribuer à l’atteinte de ces objectifs.
Pour bien cibler les axes de développement toutefois, il est primordial d’identifier les compétences déjà acquises et celles qui demandent à être développées. Ces compétences doivent s’aligner avec les bonnes pratiques en approvisionnement.
Nous constatons que cette analyse en amont des compétences achats est une démarche trop souvent négligée par les organisations.
Les entreprises ciblent rapidement des formations trop générales, mal adaptées aux besoins et qui, en conséquence, ne permettent pas aux équipes d’atteindre les objectifs internes ni de faire face à la réalité de l’écosystème externe.
L’amélioration continue est vitale pour la compétitivité d’une entreprise. Nos experts comprennent qu’une formation doit être ciblée, basée sur des apprentissages concrets et transférables au quotidien. Ils connaissent aussi l’importance de la rentabiliser rapidement.
Restez à l’affût, puisque nous aborderons les notions nécessaires à l’acheteur de 5e génération dans nos prochains articles de blogue et expliquerons plus en détails les nouvelles compétences qui le définissent et pourquoi.
1 Hervé Legenvre et Bernard Gracia, Fifth-Generation Purchasing – When pace meets power, European Institute of Purchasing Management (février 2020), 231 p.